L49_run2A territoire exceptionnel, protections exceptionnelles ! Un Parc National inscrit au patrimoine de l’Unesco, un SAR[1] qui détermine des espaces naturels et agricoles à protéger, des coupures d’urbanisation, des continuités écologiques, un SMVM[2] qui distingue une bande des cinquante pas géométriques du littoral non constructible, des espaces proches du rivage et des espaces naturels remarquables du littoral à préserver, des espaces naturels sensibles, des PPR[3], des PLU[4] qui affichent des EBC[5]… L’environnement, à la Réunion, ne manque pas de protections !

Tandis que l’actualité est riche, avec une éventuelle requalification du Parc National en Parc Régional, le sujet sensible du tourisme balnéaire en lien avec la « crise requin » et notamment sa conséquence sur la surfréquentation du lagon, zone écologiquement fragile, la question peut se poser : comment concilier tourisme et environnement ?

Ces deux mondes sont souvent opposés alors qu’ils font la richesse de notre île réunionnaise et sont étroitement liés : s’il s’avère être un risque réel pour la nature du fait des pressions qu’il exerce, le tourisme est souvent à l’origine de mesures de protections environnementales. Quoiqu’il en soit, la Réunion ne manque pas de projets touristiques. Oui mais jusqu’à quand ?

Aménagements de berges de rivières et ravines, bassins d’eau, pistes VTT, belvédères, aires de pique-nique, complexes hôteliers, gîtes en milieu rural, maisons d’hôtes, bungalows, hébergements insolites type cabane dans les arbres, structures de sports et activités de pleine nature… Ce sont autant de projets jamais aboutis en raison des contraintes règlementaires environnementales. La liste est longue… Si certains desseins étaient clairement absurdes ou farfelus, d’autres semblaient pourtant cohérents et soucieux de leur contexte naturel.

Mais ce qui nous alerte surtout, c’est le stade d’avancement des études au moment où le projet touristique est stoppé, notamment par les services de l’Etat. En effet, que les initiatives soient publiques ou privées, nous observons bien trop fréquemment que c’est lorsque les études préalables sont terminées, l’acquisition du foncier assurée, la programmation définie, les études des budgets finalisées et la procédure de révision ou modification du PLU engagée pour permettre la réalisation de la structure touristique, que le maître d’ouvrage voit son projet refusé.

De plus, les évolutions législatives, apportant une exigence accrue tant qualitativement que quantitativement concernant les études environnementales, ajoutées à la complexité administrative ainsi qu’à la longueur des procédures, découragent en premier lieu les « petits » porteurs de projets et les Villes. Cela, notamment faute de moyens techniques et financiers.

Les élus locaux ont connaissance et conscience des protections environnementales qui couvrent leur territoire. Sans les remettre en cause, ils regrettent néanmoins une rigidité importante des services de l’Etat ou du Parc National de la Réunion, ne leur laissant qu’une marge de manœuvre relativement restreinte concernant le développement touristique. Surtout que leurs projets ont souvent l’ambition de satisfaire en priorité les besoins des habitants du bassin de vie.

Le tourisme est source de conflits. L’amélioration des relations partenariales est indispensable pour tendre vers un tourisme durable, c’est-à-dire bénéfique à l’économie, à l’emploi, à l’ouverture à la culture et à l’histoire, tout en tenant compte des questions environnementales et des travaux de conservation.

José Pacheco


[1] SAR : Schéma d’Aménagement Régional
[2] SMVM : Schéma de Mise en Valeur de la Mer, chapitre individualisé du SAR
[3] PPR : Plan de prévention des risques – détermine notamment des zones non constructibles ou soumises à condition au regard du niveau de risque de l’aléa (inondation, mouvement de terrain…)
[4] PLU : Plan Local d’Urbanisme
[5] EBC : Espaces boisés classés – interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements