DES LOCAUX D’ACTIVITÉS ADAPTÉS POUR LES PME : UNE PRIORITÉ POUR LES BASSINS DE VIE ISOLÉS A LA RÉUNION
À la Réunion, où la situation de l’emploi est particulièrement fragile avec un taux de chômage qui atteint quasiment 30%, il convient plus encore qu’ailleurs de ne pas nuire à la pérennité des structures existantes et surtout de favoriser leur dynamisme. Encore faut-il se doter des bons outils et se donner les moyens de soutenir les initiatives qui vont dans ce sens.
L’activité économique réunionnaise est aujourd’hui marquée par deux grands phénomènes : d’une part, la surreprésentation de l’économie présentielle, c’est-à-dire l’activité destinée à satisfaire les besoins des populations résidantes (administrations, commerces, services, etc.) et d’autre part, la proportion non négligeable et toujours croissante des petites entreprises de type PME et des structures avec des effectifs non-salariés.
Or, le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) encourage la constitution de pôles d’activités à vocation régionale. Ces zones, généralement concentrées au sein des grandes agglomérations de l’île, à proximité immédiate des infrastructures stratégiques (aéroport, port maritime, axes majeurs de circulation, etc.), disposent de capacités de structuration et d’extension. Elles offrent de véritables perspectives de développement économique mais ne répondent pas aux caractéristiques de l’ensemble des entreprises, en particulier les plus petites.
En effet, l’organisation du territoire est aujourd’hui marquée non seulement par une polarisation de l’espace urbain à proximité du littoral mais également par une implantation traditionnelle de villages et hameaux au sein de l’espace rural, sur les mi-pentes. Ces lieux, bien que souvent éloignés des grands bassins de vie, possèdent un certain dynamisme économique. Si le SAR reconnait la nécessité d’y créer de l’emploi, autour du tourisme, de l’agriculture, de l’artisanat et des services de proximité, il n’en facilite pas les possibilités, compte tenu de ses prescriptions réglementaires contraignantes encadrant strictement les extensions urbaines de ces territoires.
C’est pourtant là que l’on trouve le petit artisan installé à son domicile sans possibilité d’étendre son activité ou bien les entreprises sources de nuisances pour l’environnement résidentiel (bruit, circulation, stationnement sauvage, etc.). A toutes ces activités, qui n’ont pas les moyens de se délocaliser vers les pôles à vocation régionale, il convient d’offrir des alternatives.
Quelques rares exemples existent mais mériteraient d’être développés. Il s’agit de la création de micro zones artisanales, de 15 à 30 000 m², proposant des petits modules en location ou en achat. Le foncier maîtrisé par la collectivité permet de garantir des opérations à moindre coût, adaptées aux capacités financières des petites structures. Ces locaux jouent ainsi un rôle de proximité pour les entreprises qui peuvent poursuivre leur exercice au sein de leur bassin d’activités. En outre, cette organisation du territoire, qui favorise les trajets courts, participe de la politique de réduction de la consommation énergétique.
Le SAR n’est pas le seul obstacle à ce développement. La quasi-absence d’opérateurs publics d’immobilier d’entreprises ne facilite pas la création de ce type de produit. La frilosité des collectivités à maîtriser du foncier destiné à accueillir de l’activité économique est également un frein.
Même si les enjeux plus larges de structuration de filières, de développement de pôles de compétitivité, de formation, d’enseignement, etc. ne doivent pas être occultés, dans le contexte économique régional difficile, la moindre action pour maintenir voire créer de l’emploi ne peut être négligée.
Gilles Durand