L45_nw3Vous êtes sans doute nombreux à être déjà allés à New York. C’était ma première fois en 2015 et cette découverte ne m’a pas laissée indifférente. Impossible de résumer cette ville du monde par excellence. Alors j’ai retenu quatre mots pour partager mes impressions d’urbaniste. Car tout voyage est une expérience et nourrit nos pratiques comme nos convictions.


Densité

Ce n’est pas un mot mais une réalité ! La skyline vue sous toutes ses coutures est l’emblème de la ville, la statue de la liberté rétrécit au fur et à mesure que les gratte-ciel se démultiplient. Car le concours de hauteur dure depuis longtemps, résultat des egos surdimensionnés des leaders économiques américains. Le Flatiron (87 m) est l’un des premiers immeubles de grande hauteur… comme il semble charmant à présent ! Vous avez dit prospect, harmonie, insertion dans le tissu existant ? Que nenni ! Rentabilité, puissance et dollars ! Tout est possible, pas de limites sauf celle de la technologie qui fait toutefois le maximum pour que le principe perdure. La place de l’humain dans tout cela ? Petite, mais il survit dans cette jungle urbaine, avec un emploi et des salaires élevés pour certains. Pour ceux qui restent en bas des tours évidemment, c’est moins confortable. Pourtant, la densité n’est pas aussi forte que l’on pourrait le croire. Pour l’ensemble de New York (comprenant Manhattan, le Bronx, le Queens, Brooklyn et Staten Island), la densité n’est que de 6 922 habitants/km², à peine plus que Paris et les départements de petite couronne (6 766 habitants/km²). La différence est davantage marquée entre Manhattan et Paris, avec respectivement 27 330 habitants/km² et 21 428 habitants/km² !

Contrastes

Après avoir tant regardé vers le ciel et admiré des façades, parfois banales, parfois fascinantes, on souffle lorsque les bâtiments de brique, avec leurs escaliers de secours extérieurs, forment le décor urbain. On est même quasiment dans notre élément vers Chelsea ou Greenwich, où les habitants ont tous les âges (pas seulement des trentenaires qui vivent à cent à l’heure). L’ambiance change encore en allant vers Harlem qui connaît un processus de gentrification manifeste. Et aussi, et surtout, ce Central Park magnifique, à vivre comme un new-yorkais ou à saisir du haut des buildings, une enclave sanctuarisée pour toujours semble-t-il.

Le brassage culturel est bien sûr impressionnant, bien que zoné. Si l’on ne s’aventure pas dans le Bronx, on découvre avec plaisir Brooklyn que la classe moyenne supérieure a investi depuis plusieurs années maintenant, à une échelle plus humaine, ou encore Williamsburg, quartier branché des hipsters, quasiment un village, résistant encore à l’intensification urbaine à outrance et au grand concours de hauteur.L45_ny4L45_nwpano2

Hyperconsommation

La ville qui ne dort jamais ? C’est vrai, les horaires sont étendus du moment que le consommateur potentiel est présent. Les rythmes de vie se croisent, s’allongent aussi. Le libéralisme s’exprime aussi à travers la privatisation des espaces publics, des bars, des restaurants… Mais ça, c’est pour les plus chanceux. La ville monde mélange toutes les origines, tous les modes de vie mais elle est âpre aussi et la ségrégation spatiale est bien là. Car visiter Manhattan, ce n’est pas connaître New York et dès que l’on en sort, on comprend que la ségrégation de l’espace n’est pas un fantasme.

Energie

Le mouvement, le brassage, la jeunesse, l’ambition, l’audace… caractérisent New York. Si c’est parfois un peu dur à suivre, on boit cette énergie revigorante, cet esprit d’entreprendre, sans carcan, sans nostalgie (sauf quand le lieu est construit pour cela : le Mémorial du 11 septembre en est un bon exemple). Un esprit assez libre au fond et ultralibéral. Les new-yorkais travaillent beaucoup, gagnent bien leur vie (il le faut pour se payer un loyer à New York !), mangent debout, ont toujours un mug nomade à la main, se retrouvent dans des endroits branchés, musique à fond et spotlights à gogo…

Paris « is so pretty » comparativement à la fabuleuse, l’éreintante, la magique, la démesurée New York. J’y retourne dès que possible…

Cécile Bouclet