NOTRE INVITÉ : OLIVIER RICHEFOU, PRÉSIDENT DU DEPARTEMENT DE LA MAYENNE
Accompagné par CODRA, le Conseil Départemental de Mayenne, territoire de près de 310 000 habitants, vient d’écrire son Plan Départemental de l’Habitat (PDH), en co-pilotage avec l’Etat. Son Président, Olivier Richefou, revient sur l’importance de disposer d’une vision claire en matière d’habitat et sur les transversalités à privilégier avec l’ensemble des compétences exercées par cette collectivité. Avec un regard pragmatique, il a bien voulu revenir sur cette expérience inédite en Mayenne.
CBo: Votre département reflète les moyennes nationales mais présente aussi des spécificités marquées.
Nous sommes en effet, dans cette Région Pays de la Loire, un des départements ruraux, avec une activité agricole et agro-alimentaire importante et diversifiée, mais pas seulement. A partir de cette activité première, des entreprises solides au rayonnement international se sont développées, comme Lactalis et d’autres, qui trouvent des atouts en termes de main d’œuvre, d’accessibilité, de connexions avec d’autres grands pôles économiques. Nous avons aussi à valoriser une qualité de vie, dont l’habitat est une des composantes. Vous avez pu remarquer que l’évolution de notre département n’est pas homogène selon les territoires urbains, périurbains et ruraux. L’enjeu pour nous est donc bien d’assurer une certaine solidarité entre ces différentes composantes.
CBo: Au-delà de l’obligation réglementaire, quelles ont été vos motivations pour élaborer un PDH ?
Le PDH est apparu comme une évidence, compte tenu des politiques engagées de longue date. Pour le Département, la question de l’accès à un logement décent pour tous est une priorité, et il est vrai que le marché immobilier, relativement détendu, nous a permis de faire face aux besoins de l’ensemble des ménages, qui pourtant disposent de faibles ressources en Mayenne. Nous mettons en œuvre une politique sociale adaptée et dont les objectifs ont été récemment retravaillés à l’occasion de la révision de notre PLALHPD (1). Nous avons également tenu nos objectifs d’accueil des gens du voyage, ce qui n’est pas le cas de tous les départements. Mais l’habitat, c’est aussi l’aménagement du territoire, l’accès aux services, aux équipements, à l’emploi, les capacités à se déplacer aussi, autrement qu’en voiture individuelle. L’enjeu est majeur pour l’avenir et c’est la raison pour laquelle le Département a souhaité la création d’un EPFL (2), afin de disposer d’un outil pour concrétiser un certain nombre de nos priorités. Ecrire un PDH permettait de dresser un état des lieux transversal de la question, en s’appuyant sur les acquis de notre politique sociale et approfondissant cet enjeu d’aménagement territorial, jusqu’alors traités de manière relativement cloisonnée. Le PDH a mis en exergue l’enjeu de cohérence territoriale à l’échelle de notre département et donc celui de la cohérence des différentes politiques de l’habitat qui y sont conduites
CBo: Quelle a été la plus-value de cette démarche ?
Les relations avec les EPCI ont été déterminantes et de qualité. Au-delà du fond technique, il faut souligner la qualité du partenariat avec les acteurs de l’habitat mais aussi la mobilisation constante des représentants élus des intercommunalités. Tous ont répondu présents et c’est sans doute pour cette raison que le PDH a fait l’unanimité des membres de la Section Départementale du Comité Régional de l’Habitat (SDCRH), l’instance co-présidée par l’Etat et le Conseil Départemental. Les questions que nous avons traitées collectivement sont celles que se posent les EPCI, qui ont vu dans cette démarche l’occasion de s’exprimer, de proposer, de relayer pour le futur les orientations définies en concertation. La dynamique du PDH a permis de confirmer l’engagement de toutes les collectivités de Mayenne ainsi que des partenaires locaux de l’habitat : maintenir les équilibres, rationaliser les choix de développement, optimiser les moyens. Dans le contexte actuel, cela est devenu une exigence. Si je ne doutais pas de la capacité des territoires à travailler ensemble, j’ai pu constater que la démarche a mobilisé davantage encore que ce que l’on pouvait penser. C’est bien la démonstration que les élus ont une conscience aigüe des difficultés locales et qu’ils souhaitent œuvrer en cohérence, pour l’intérêt réciproque du Département et de chaque composante. Lors de la dernière SDCRH, les acteurs s’y ne sont d’ailleurs pas trompés, soulignant que le PDH a permis de substituer à une logique d’opportunité, une logique de synergies.
CBo: Et comment voyez-vous la suite ?
Le PDH a été l’occasion de faire évoluer l’organisation de notre service habitat, avec un responsable identifié. Nous avons choisi de nous appuyer sur les services de l’ADIL (3), auquel le Conseil Départemental contribue déjà, pour étoffer nos capacités d’observation au service des territoires. Nous nous interrogeons désormais sur la prise de délégation des aides à la pierre, sachant que l’agglomération de Laval en dispose, mais que le Département pourrait la demander pour le reste du territoire. Toutefois, les réalités budgétaires sont incertaines au regard des compétences que nous devons déjà assumer, notamment les allocations individuelles de solidarité, pour s’engager durablement sur des options que nous ne pourrions tenir. Vous connaissez ma préoccupation permanente de respecter les engagements que prend la collectivité que je préside, mon souci d’optimiser les ressources et de rechercher la meilleure efficience possible des moyens consacrés au devenir de notre territoire.
Je suis convaincu que le PDH se situe bien dans cet esprit d’efficacité, de partenariat, et grâce à un travail collectif et engagé, nous pourrons aller plus loin dans nos ambitions pour la Mayenne.
Propos recueillis par Cécile Bouclet